La Russie teste sa déconnexion de l’internet mondial
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La Russie teste sa déconnexion de l’internet mondial

Dans le contexte de la guerre en Ukraine, et donc de sanctions accrues mais aussi de la multiplication des cyber-attaques, Moscou se prépare à son éventuelle déconnexion de l’internet mondial, qu’il s’agisse d’une initiative défensive décidée par les autorités russes ou d’une mesure imposée de l’extérieur.

Un isolement de l’internet russe du reste du monde aurait été envisagé par le Kremlin en mars dernier, après le déclenchement de l’«opération militaire spéciale» en Ukraine, selon le journal Kommersant. Celui-ci révèle aussi que plusieurs exercices de cybersécurité ont été menés cette année avec la participation de banques, d’opérateurs télécoms et des plus grandes sociétés internet pour tester la capacité du réseau russe à fonctionner de façon autonome.

Des exercices justifiés par la situation géopolitique, analyse le Kommersant. Cité par le journal, le vice-premier ministre Dmitri Chernychenko affirme que le nombre de cyber-attaques a augmenté de 80% cette année. «Si l’année dernière, le secteur financier était la principale cible, cette année c’est le secteur public qui est visé», souligne Dmitri Chernychenko.

Face à ces menaces, un plan de déconnexion de l’internet aurait été envisagé au printemps par l’opérateur russe Rostelecom, indique le Kommersant qui précise, en citant un expert, que «si la Russie est coupée des points d’échanges européens, elle redirigera le trafic internet vers l’Asie». Plusieurs fois évoqué par Vladimir Poutine, le projet d’un internet «souverain» a été éclipsé ces derniers mois par des restrictions d’accès à certains sites (Twitter et Instagram, notamment). Un isolement numérique de la Russie, pour autant qu’il soit réalisable, risquerait aussi d’accentuer le contrôle étatique sur les données personnelles et les libertés individuelles, redoutent certains experts et les défenseurs des droits humains.

Depuis l’extérieur de la Russie, plusieurs fournisseurs d’accès au trafic Internet (tel LINX) ont déjà déconnecté leurs services de Rostelecom ou de MegaFon. À l’inverse, «le fournisseur de cloud américain Clouflare a refusé de travailler en Fédération de Russie et le Département d’État a exhorté à ne pas déconnecter la Russie d’internet», écrit le Kommersant. Pour les grands acteurs étatiques, et notamment les services de renseignements, la possibilité d’obtenir des informations reste préférable à l’absence de données…

Dès mars dernier, les autorités russes ont pris de mesures pour protéger les sites d’État : tous les sites web, notamment ceux des services publics, ont été enjoints de passer au nom de domaine russe, d’abandonner les hébergements à l’étranger et de renforcer leur politique des mots de passe. Mais six mois plus tard, ces contraintes s’avèrent largement contournées, notamment par les sites étatiques régionaux qui continuent d’utiliser des codes téléchargés depuis l’étranger, relève le Kommersant. Avec comme explication, poursuit le journal, le fait notamment que les amendes prévues demeurent minimes, autour de 5000 roubles (83 euros environ au cours actuel).

Z.Z.

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