Automobile: Après le chaos de 2022, quelles prévisions pour 2023?
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Automobile: Après le chaos de 2022, quelles prévisions pour 2023?

Comme on pouvait s’y attendre au fil des mois, le bilan s’est révélé encore plus mauvais pour le marché automobile européen, notamment français en 2022.

Selon les données de NGC-Data, il s’est immatriculé 1,54 million de voitures neuves, soit une chute de 8 % par rapport à 2021 (1,659 m) et de 6,7 % par rapport à 2020 (1,650 m), deux exercices déjà historiquement bas. En comparaison de l’année 2019 (2,214 m), le marché français accuse une perte d’environ 670 000 unités, soit
l’équivalent de plus de trois mois d’activité en période dite normale.

À fin septembre 2019, il s’était ainsi vendu bien davantage de voitures neuves que sur l’ensemble de l’année 2022. Avec ses 1,48 million d’immatriculations, l’exercice 1975 conserve, et de loin, son statut de pire millésime pour le marché auto sur les cinquante dernières années.

Si le second semestre de 2020 avait permis de rattraper le retard accumulé pendant les mois de confinement, l’exercice 2022 n’a été que souffrance pour les acteurs du secteur.

Les maux sont connus depuis plus d’un an : pénuries de composants, puis de matières premières, entraînant une chute de la production de véhicules, un allongement des délais de livraison, ainsi qu’une augmentation des prix. À cette problématique industrielle est venue s’ajouter en début d’année la guerre en Ukraine, qui a accéléré l’inflation et provoqué vraisemblablement l’attentisme des ménages. Des soucis logistiques sont venus noircir un peu plus le tableau au second semestre.

Le rebond enregistré sur la période allant d’août à novembre 2022 a toutefois permis d’enrayer la chute et de cacher quelque peu la misère. Pour rappel, les chiffres de NGC-Data faisaient état d’une dégringolade de 16 % à la fin du premier semestre, à seulement 772 046 unités. Les concessionnaires sont parvenus à livrer davantage de voitures depuis la rentrée de septembre. Mais la situation reste tendue.

Sur le mois de décembre isolé, ce sont 158 000 voitures neuves qui ont été immatriculées, un volume en très légère hausse par rapport au même mois de l’an passé. Au pointage du 30 décembre, Renault s’adjuge la première place du marché avec une part de 15,2 %, loin devant Peugeot (12,3 %). En troisième position, Dacia affiche près de 10 % de pénétration (9,5 %) et finit fort l’année.

Sans surprise, les données fournies par NGC-Wiz (portail web pour l’accès aux données statistiques quotidiennes du SIV développé par NGC-Data®) démontrent que les journées des 28, 29 et 30 décembre ont été les plus prolifiques en volumes, avec respectivement 11 610, 14 734 et 12 500 voitures immatriculées. Peugeot et Citroën sont les deux marques qui ont totalisé le plus de cartes grises sur la journée du 29.

Sur l’ensemble de l’exercice 2022, la marque au lion a conservé son statut de leader du marché automobile français (VP), position qu’elle avait acquise pour la première fois l’an passé. Elle a enregistré un volume de 245 507 unités et pesé une part de marché de 16,1 %, accusant cependant une perte de 1,1 point en un an (17,2 %). L’autre gros bémol concerne ses ventes sur le canal des particuliers. Peugeot n’a en effet pesé qu’une part de 10,3 % de ce marché, accusant une chute de 22 %, loin derrière Renault et Dacia, qui sont au coude à coude pour la première place.

Peugeot a largement surfé sur les performances de sa 208, de loin la voiture la plus plébiscitée en France en 2022, qui a représenté 36 % de ses ventes. Renault, qui a changé son fusil d’épaule en 2021 en privilégiant les ventes rentables, accuse un déficit de 0,5 point sur son rival (15,5 %). Cette stratégie peut expliquer la chute brutale de la Clio (– 25 %), qui est même précédée par la Dacia Sandero cette
année.

À noter que la marque au losange conserve sa position de premier constructeur automobile en France si l’on y ajoute les véhicules utilitaires, avec un volume de 327 958 unités et une part de marché de 17,5 % (contre 16,3 % pour Peugeot).

Après la prise de leadership de Peugeot en 2021, la présence de Dacia sur le podium sur une année pleine constitue une autre première historique. Telle est la situation arrêtée au 30 décembre. Avec 130 867 immatriculations, la marque roumaine affiche une pénétration de 8,6 %.

Un coup de collier de la marque aux chevrons (qui accuse un retard de 1 000 ventes) n’est pas à exclure dans les dernières heures pour sauver sa place. Jamais cette dernière n’a été devancée par une marque étrangère en France. Citroën a vu sa part de marché tomber à 8,5 % en 2022, quand celle-ci se situait encore à 10,6 % en 2019, atteignait 12,9 % en 2014 et culminait même à 15 % en 2009.

La marque aux chevrons est plus que jamais dans le dur, tandis que Dacia a poursuivi sa montée en puissance au cours des douze derniers mois, bien aidé par les lancements des Jogger et Spring.

Les trois marques généralistes françaises ont pesé une part de seulement 40 % du marché hexagonal en 2022, contre 43,2 % en 2021, 47,3 % en 2020 ou encore 46,2 % en 2019. Leur perte de vitesse a profité à Dacia, Toyota, Hyundai et Kia, dont les immatriculations ont progressé en 2022, ou encore à Ford, qui a retrouvé des couleurs cette année.

Malgré une chute de 15 % en 2022, l’essence reste l’énergie numéro un en France, avec une part de 37,2 %. Les immatriculations de voitures neuves hybrides (hybridation légère incluse) grimpent de 15 % et accaparent 21,8 % du marché français. Suivent les diesels (15,6 %), qui accusent une chute de 32 %, et les voitures électriques (part de 13,3 %), en progression de 25 %. On notera le décrochage des voitures hybrides rechargeables (PHEV), dont les immatriculations reculent de 10 %.

Quelles prévisions pour 2023 ?

Prédire l’évolution du marché est devenu un exercice périlleux en raison des crises successives. Lorraine Morard, analyste automobile senior chez S&P Global, estime que « les ventes de véhicules particuliers progresseront de 9,9 %, soit un volume de 1,63 million d’immatriculations.

En ajoutant les utilitaires, le marché global est estimé à 1,99 million d’unités (+ 6,5 %) ». Ce rebond tient à une amélioration de la situation industrielle. La crise des semi-conducteurs va peu à peu se résorber jusqu’à fin 2023, ce qui permettra aux constructeurs d’honorer leurs commandes et de réduire les délais de livraison.

Faute de voitures à livrer, les constructeurs ont privilégié les ventes les plus rentables, c’est-à-dire celles aux particuliers au détriment des loueurs de courte durée et des sociétés. Ces deux derniers canaux devraient retrouver quelques couleurs. En revanche, si les portefeuilles de commandes restent très épais en raison des retards de production, la tendance depuis l’été 2022 est à une baisse significative des commandes, laissant les constructeurs dans l’expectative.

F.B.

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