Zayen sillonne, actuellement, et ce, jusqu’au printemps prochain, plusieurs villes de l’Hexagone. Avec des mélodies, portées par des notes modernes, il présentera son nouvel album « Voyagez ! », accompagné de musiciens professionnels kabyles, bangladais, indiens et en duo avec des chanteuses russe et indiennes.
Le chanteur Zayen a, encore une fois, déployé son talent d’artiste d’expression kabyle, en éditant en France un nouvel album intitulé « Voyagez ! ».
Disponible en France depuis le 9 octobre dernier, et très prochainement en Algérie où le grand public n’a pas eu droit à ce privilège pour des raisons évidentes, sachant que la seule unité de fabrique de CD est à l’arrêt depuis quelques temps, cet album décline des chansons aux mélodies empreintes de créativité, riche en textes et en symboliques, mais surtout riche en contenus destinés à faire revivre l’espoir après une période de long confinement, et à transmettre les valeurs ancestrales de l’humanité, appelant, dans ses refrains, à préserver la tradition et à s’ouvrir sur le monde et les valeurs universelles.
C’est parce que Zayen a toujours irrigué son esprit de ces valeurs qu’on retrouve dans cet album, tant partagé par la diaspora dans l’Hexagone qu’en Algérie et ailleurs, comme en Amérique et au Canada, cette fidélité à vouloir être constant dans la lutte pour les causes justes, comme la liberté, la place de la femme dans la société ou encore l’amour porté à la Terre et ses richesses.
D’ailleurs, il n’est guère étonnant de retrouver dans cet album l’ambition de l’artiste à vouloir partager ce que semble être l’idéal de l’humanité. Dans son titre phare, Zayen le dit expressément : « Voyagez, voyagez, allez loin et partagez, voyagez, voyagez, respirez la liberté la liberté ».
Autre thème accrochant et pas des moindres, le combat de la femme et son ascension à vouloir transcender les situations, combien même, dans certaines situations, l’artiste relève les appréhensions d’une société conservatrice aux tabous liberticides.
Dans cette chanson, en l’occurrence Tassadit (Une femme debout), Zayen reflète cette femme kabyle « digne de ce nom qui a marqué sa vie en luttant sur tous les fronts », car, dit-il, « armée de sagesse, de courage et de lucidité » pour « faire face aux rudes épreuves de la vie en accomplissant son rôle de mère protectrice dans sa famille, bienveillante, bienfaisante, généreuse et disponible pour son entourage et son village », mais surtout « engagée », en citant son rôle majeur dans le combat pour la liberté pendant la Guerre de libération nationale (1954-1962) et que, souligne-t-il, « l’oppresseur n’a pas épargnée de ses atrocités ». Pour Zayen, la chanson Tassadit reflète également cette femme « fidèle et résiliente » que « ni la prison, ni la torture n’ont réussi à infléchir ».
Il le dit aussi profondément, car Tassadit, un prénom, voir une symbolique très réputée « qui incarne une force tranquille, un combat dans l’ombre, un symbole aujourd’hui oublié ou non reconnu à sa juste valeur », déplore le poète et le chanteur. Zayen, c’est aussi le combat pour la sauvegarde de la Terre des agressions et des menaces qui pèsent sur l’humanité, la faune et la flore.
En lisant le texte de Zayen, l’auditeur butera sans doute sur l’expression sacrée : « Tout ce qu’on mange vient de la terre ! ». Il le dit à qui veut l’entendre, « Ecolo écolo Pesticides assassins, écolo-écolo, et on veut manger sain, écolo-écolo pollueurs assassins, « écolo-écolo, géant devant lutin ». Zayen décrit un monde menacé par « les poids lourds » et « les pots d’échappement de taxis ».
Il appelle la conscience humaine à « sauver la terre », dit-il, « qui brûle doucement la pluie, tellement triste planète en feu, plutôt que de la saignée, elle est rouge plutôt que bleue » qu’« un docteur doit la soigner ». Et qui pourrait rester insensible devant cet appel-alerte, sinon comme le disait Jacques Brel, « les amputés du cœur » !
L’amour du figuier et l’éternel Iddir
En ce sens, il enchaînera avec Tamaghra n tbaxsisin (la fête de la figue), allant jusqu’à inhumer les sens de la figue et du figuier. Dans cette chanson, Zayen le dit de manière sublissime : « la figue ne tombe jamais en plein dans la bouche ». Pour celui a bercé des générations depuis son célèbre album Baden-Baden (2022-2003), « le figuier est un symbole de richesse et de trésor pour les kabyles qui fleurissent dans les montagnes. En plus de ses bienfaits nutritionnels, le figuier est un arbre symbolique de l’histoire de l’humanité ».
Dans cette chanson, il évoque beaucoup plus la noblesse du fruit et de l’arbre, sa plantation, son entretien et sa taille qui participent largement à sa qualité, ses espèces et variétés. Autre texte consacré dans l’album « Voyagez ! », Zayen rend un vibrant hommage au défunt père de « Vava Inouva ».
Dans cet esprit empreint d’universalité et d’ouverture sur les valeurs humaines, Zayen dédie cette chanson intitulé « Ayidir » à celui qui a réussi, durant les années de braise, à moderniser et à internationaliser la chanson algérienne, de manière générale, et la chanson kabyle, de manière particulière.
« Idir ta voix vivra éternellement, la beauté de Vava Inouva a fait le tour du monde, tes chansons sont des contes, ta parole est un appel à la liberté, ton nom est gravé dans l’histoire, à l’art tu as tout donné, Idir, l’instruit, tu as honoré l’humanité, à l’unité des peuples amazighs tu as toujours appelé, des sources de nos traditions tu as puisé pour moderniser la chanson, la Kabylie est fière de toi, que le Burnous de nos ancêtres te protègera, toi, le symbole de la paix », écrit Zayen qui n’a pas manqué de soulever la portée universelle de cet l’homme et de l’une de chansons les plus traduites dans le monde.
Pleine d’humilité et de sagesse, Zayen a su composer et recomposer le passé avec le présent, le présent avec l’absent et la fierté d’être sur une terre avec l’engagement de partager l’espoir de vivre et de sauvegarde pour perpétuer le meilleur qu’offre l’humanité.
Il faut savoir que le talent de l’auteur-compositeur-interprète kabyle est le fruit d’un long labeur. Fondateur de l’association Artistes Couleurs Diversité (ACD) à Aubervilliers où il est également élu à la mairie, Zayen est un artiste qui sillonne le monde avec des mélodies, portées par des notes modernes. Il chante sa Kabylie natale en lien avec le monde et autres horizons musicaux.
Il présentera son nouvel album « Voyagez ! », accompagné de musiciens professionnels kabyles, bangladais, indiens et en duo avec des chanteuses russe et indiennes. Même si l’album n’est pas encore disponible en Algérie, Zayen nous gâte sur YouTube et sur sa page Facebook où il partage sa tournée et son programme. Mais surtout la vie d’un artiste accompli.
Farid Belgacem
